par Thierry Meyssan

C’est un débat qui a été considéré comme clos : les puissances occidentales avaient affirmé que la liberté d’expression était une condition indispensable à la démocratie et qu’elles ne la violeraient plus jamais. Mais les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Pologne, l’Italie et l’Allemagne se sont déjà engagés sur la voie de la censure. Il y a des choses que vous ne pouvez pas dire maintenant.

La liberté d’expression est une caractéristique de l’Occident depuis le XVIIIe siècle. C’était le fondement sur lequel le régime politique de la classe moyenne a été construit : la démocratie. Le principe selon lequel la volonté générale découlerait de la confrontation d’opinions différentes n’est plus contesté. Toute atteinte à cette liberté était considérée comme un coup porté à la résolution pacifique des conflits.

Au début du XXe siècle, cependant, lorsque la guerre mondiale déchire l’Occident, les Britanniques, puis les Américains, n’hésitent pas à utiliser les moyens modernes de propagande non seulement contre leurs ennemis, mais aussi contre leur propre population [1]. Pour la première fois, les gouvernements démocratiques ont introduit des programmes pour tromper leurs concitoyens. À la fin de cette guerre, les Britanniques se vantent de leurs succès et préfigurent l’utilisation possible de la propagande de guerre en temps de paix. Lorsque le système économique capitaliste a été menacé, et même avant le début de la Seconde Guerre mondiale, les démocraties et la liberté d’expression ont été suspendues et la propagande a repris, d’abord en Italie et en Allemagne, puis dans tout l’Ouest.

Depuis trois quarts de siècle,