Une procureure de l'Etat américain de Georgie est poursuivie pour avoir fait entrave à l'enquête sur la mort du jeune joggeur noir Ahmaud Arbery, abattu en février 2020.

Une procureure de l'Etat américain de Georgie a été inculpée jeudi pour violation de son serment de magistrate. Jackie Johnson, ancienne procureure du comté de Glynn, sur la côte est de l'Etat, est poursuivie pour avoir fait entrave à l'enquête sur la mort d'Ahmaud Arbery en empêchant notamment l'arrestation de l'un des suspects du meurtre, au mépris de son serment d'impartialité.

Ces poursuites, très rares dans les institutions judiciaires américaines, s'inscrivent dans le contexte de dénonciation du racisme qui a secoué les Etats-Unis après la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier blanc en mai 2020.

« Nos services s'engagent à garantir que ceux à qui on confie la tâche de servir font leur devoir de manière éthique et honnête », a affirmé le ministre de la Justice de Georgie, Chris Carr, qui avait demandé l'ouverture d'une enquête sur Mme Johnson.

Ahmaud Arbery, 25 ans, avait été abattu le 23 février 2020, alors qu'il courait dans un quartier résidentiel de Brunswick, pourchassé par trois hommes qui ont ensuite assuré l'avoir pris pour un cambrioleur actif dans les environs.

L'auteur des coups de feu, Travis McMichael, 35 ans, son père Gregory, 65 ans, et William Bryan, 51 ans, qui s'étaient joints à la poursuite, sont accusés de crime raciste par la justice de Georgie et doivent être jugés à partir du 18 octobre. Ils plaident non-coupable.

« Des faveurs et de l'affection »

Selon l'acte d'accusation, Jackie Johnson, qui nie tout manquement, aurait « montré des faveurs et de l'affection » envers Gregory McMichael, qui avait travaillé pendant des années comme enquêteur pour ses services, et ordonné aux policiers chargés des investigations de ne pas arrêter Travis McMichael.

Pendant plus de deux mois, la police locale n'a procédé à aucune interpellation et il a fallu la diffusion d'une vidéo du drame, relayée massivement sur les réseaux sociaux début mai 2020, pour que l'enquête démarre véritablement.

Sa mort, comme celle de George Floyd asphyxié par un policier blanc à Minneapolis, ont entraîné une vague de manifestations sans précédent aux Etats-Unis l'an dernier, dénonçant les violences policières contre les minorités.

L'agent, Derek Chauvin, auteur du meurtre de M. Floyd, a été condamné en juin 2021 à 22 ans et demi de prison en juin, une sentence lourde qui reflète l'impact du drame alors qu'avant lui, seule une dizaine de policiers américains avaient écopé de peine de prison pour des meurtres commis dans l'exercice de leurs fonctions. Le ministère américain de la Justice a également ouvert des enquêtes sur les pratiques des unités de police de plusieurs villes, accusées d'un usage excessif de la force.