Les États-Unis espèrent que la présence de Liwa Thuwwar al-Raqqah à la frontière syro-turque pourrait aider à apaiser la Turquie et éventuellement empêcher une offensive terrestre contre les Kurdes.

Selon un article paru le 20 décembre dans le journal libanais Al-Akhbar, les États-Unis tentent actuellement de reconstruire la Liwa Thuwwar al-Raqqa (Brigade révolutionnaire de Raqqa), une ancienne milice islamiste opposée à Damas.

Selon le rapport, les efforts américains visent à apaiser la Turquie en facilitant la demande d’Ankara pour le retrait des Forces démocratiques syriennes (FDS) de la frontière et en la remplaçant par une version relancée de l’ancien groupe d’opposition pour servir de zone tampon à la frontière syro-turque.

Pour y parvenir, lors d’une récente réunion, des officiers américains ont exhorté le chef du groupe à rassembler une force puissante pouvant compter jusqu’à 3 000 combattants, lui assurant que Washington obtiendrait leurs chèques de paie mensuels.

Dans le même temps, le plan vise à compromettre les efforts de médiation russes entre les FDS et la Turquie en « coupant l’herbe sous le pied de la proposition de Moscou à Ankara ». La proposition de la Russie appelle au retrait des milices kurdes et au déploiement de l’armée arabe syrienne (AAS) le long de la frontière syro-turque.

En substance, la reconstruction du groupe militant basé à Raqqa sert le désir des États-Unis « d’empêcher toute tentative du gouvernement russe ou syrien de s’approcher des bastions de l’influence américaine », a déclaré Al-Akhbar dans un récent rapport du 22 décembre.

Selon le rapport, Washington espère également que malgré les tensions entre eux, les FDS et la Brigade de Raqqa pourraient éventuellement fusionner – comme elles l’ont fait autrefois – donnant ainsi aux FDS une forme de « légitimité » qui pourrait potentiellement permettre à Ankara de « s’y ouvrir à l’avenir ».

Le groupe Liwa Thuwwar al-Raqqa a été fondé en 2012 dans la ville de Raqqa, dans le nord de la Syrie, et a combattu aux côtés de Jabhat al-Nusra, le précurseur lié à al-Qaïda du groupe extrémiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) basé à Idlib, contre les forces gouvernementales syriennes. Un an plus tard, la ville est tombée aux mains de l’Etat islamique, et Liwa Thuwwar al-Raqqa a continué à se battre avec eux jusqu’à ce qu’elle rejoigne finalement les FDS en 2015 et rejoigne officiellement l’opération anti-ISIS de la coalition américaine.

En 2018, à la suite d’un différend entre les deux groupes, les FDS ont dissous Liwa Thuwwar al-Raqqa en prenant le contrôle de son siège et en arrêtant son chef.

Le plan de Washington pour relancer le groupe intervient à un moment où les États-Unis tentent continuellement de renforcer la position de leur occupation en Syrie, en particulier dans la ville de Raqqa, où ils ont prévu de construire une nouvelle base militaire.

Le 15 décembre, les législateurs américains ont présenté la loi CAPTAGON (Countering Assad’s Proliferation Trafficking And Garnering Of Narcotics Act), qui vise à étendre la politique de sanctions draconiennes de Washington contre Damas en vertu de la loi César, mais cette fois sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue du pays.

Les États-Unis ont également récemment confirmé qu’ils n’avaient pas l’intention de quitter la Syrie ou de mettre fin aux sanctions.