Le géant de la technologie affirme que tous les types de contenu d’information sont affectés par le test, y compris les nouvelles canadiennes, qui, selon lui, dureront environ cinq semaines.

Le géant de la technologie Google bloque l’accès à certains contenus d’information en ligne pour de nombreux Canadiens. Il s’agit d’un test pour préparer une loi sur la censure d’Internet du gouvernement fédéral libéral, qui pourrait bientôt entrer en vigueur.

Selon un rapport paru dans la presse canadienne, Google a confirmé hier qu’il restreignait temporairement l’accès au contenu d’information pour un peu moins de 4% des utilisateurs canadiens.

La restriction des messages affecte à la fois le moteur de recherche de Google et la fonction Discover sur les appareils Android, qui transmet les messages aux utilisateurs de smartphones.

Le géant de la technologie affirme que tous les types de contenu d’information sont touchés par le test, y compris les nouvelles canadiennes, qui dureront environ cinq semaines.

Selon Google, le test a lieu dans le contexte du projet de loi C-18 du premier ministre Justin Trudeau, également connu sous le nom de « Loi sur les nouvelles en ligne ». Ce projet de loi forcerait les entreprises de médias sociaux à payer les médias légaux canadiens pour le contenu de nouvelles partagé sur leurs plateformes.

Shay Purdy, un porte-parole de Google, a déclaré que l’entreprise « teste brièvement les réactions potentielles des produits au projet de loi C-18 » qui ont un impact sur un très « faible pourcentage d’utilisateurs canadiens ».

Purdy a déclaré que Google est « complètement transparent sur notre préoccupation que le projet de loi C-18 est trop large », ajoutant qu’il « pourrait avoir un impact sur les produits que les Canadiens utilisent et sur lesquels ils comptent tous les jours » s’il reste « inchangé ».

Le projet de loi C-18 est actuellement à l’étape de la deuxième lecture au Sénat. À la fin de l’année dernière, le gouvernement Trudeau a décidé d’accélérer l’adoption du projet de loi C-18 à la Chambre des communes.

Les critiques ont averti que le projet de loi C-18 est une attaque contre les médias indépendants, et certains avertissent qu’il pourrait mener à la « mort » de la presse libre au Canada.

Michael Geist, professeur de droit à l’Université d’Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit d’Internet et du commerce électronique, a commenté le projet de loi C-18 dans un billet de blogue publié aujourd’hui.

« L’approche dangereuse du projet de loi C-18 attribue de la valeur aux liens là où il n’y en a pas, régit les plateformes qui doivent payer pour permettre à leurs utilisateurs d’exprimer leurs opinions et détermine quelles sources sont admissibles à une compensation », a écrit Geist.

Geist a également souligné que Google lui-même a bloqué des nouvelles dans le passé en raison de réglementations gouvernementales.

Google a fermé Google News en Espagne pendant huit ans après que le pays a adopté des lois sur le droit d’auteur qui ont soulevé des inquiétudes quant à la responsabilité pour l’inclusion d’extraits. Un test similaire avec le blocage du contenu des messages dans la recherche a été mené en Australie. Récemment, le service Google Actualités a été interrompu en République tchèque en raison de la mise en œuvre de la loi sur le droit d’auteur », explique Geist.

Selon le projet de loi, les fournisseurs de nouvelles classés comme une « organisation journalistique canadienne qualifiée » pourraient bénéficier d’un traitement préférentiel sur les plateformes Big Tech et auraient même droit à une « compensation équitable » si leur contenu d’information est distribué sur ces sites.

Même le géant des médias sociaux Facebook a critiqué le projet de loi, avertissant le gouvernement qu’il rendrait le contenu des nouvelles inaccessible aux Canadiens.

« Si ce projet de loi entre en vigueur et crée des formes sans précédent de responsabilité financière pour les liens ou le contenu de nouvelles dans le monde entier, nous pourrions être forcés de nous demander si nous continuons d’autoriser le partage de contenu d’information sur Facebook au Canada, tel que défini dans la Loi sur les nouvelles en ligne », a déclaré Marc Dinsdale, responsable des partenariats médias de Facebook au Canada.

Selon Derek Fildebrandt, éditeur et chef de la direction de l’organisme indépendant Western Standard, le projet de loi C-18 est une attaque directe contre les médias qui ne sont pas financés par le gouvernement et constitue une menace existentielle pour tous les reportages indépendants au pays.

« En pratique, le temps est retourné 30 ans en arrière pour la façon dont les Canadiens consomment les médias [avec le projet de loi C-18]. Vous ne pouvez plus lire vos messages sur votre téléphone ou votre tablette le matin. Soyez prêt à acheter un abonnement quotidien à un journal imprimé et prenez une heure après le dîner pour regarder les nouvelles du soir à la télévision », a écrit Fildebrandt dans un article de blog en décembre dernier.

Le projet de loi C-18 n’est pas la seule loi de l’administration Trudeau qui traite de la censure d’Internet.

Le projet de loi C-11, intitulé Projet de loi modifiant la Loi sur la radiodiffusion et apportant des modifications connexes et corrélatives à d’autres lois, a été adopté par le Sénat plus tôt ce mois-ci. Une version amendée du projet de loi controversé sur la censure d’Internet, qui cible le contenu vidéo en ligne, est maintenant devant la Chambre des communes, qui doit encore approuver le projet de loi.

Les critiques ont longtemps averti que le projet de loi C-11 étoufferait la liberté d’expression en ligne, et même les géants de la technologie YouTube et Apple, qui ont tous deux censuré dans le passé, ont appelé le Sénat à retarder l’adoption du projet de loi.