par Thierry Meyssan

Loin de s'intéresser à la compétition entre partis politiques, Thierry Meyssan analyse la confusion qui règne dans le débat d'idées et qui empêche d'aborder les problèmes du pays. Bien que les difficultés de la France soient les mêmes qu'ailleurs en Occident, il estime que la France doit également faire face aux enchevêtrements non résolus de l'ère Mitterrand. Pour poursuivre sa marche, le pays doit non seulement éclaircir son vocabulaire et redéfinir son identité, mais surtout restaurer la souveraineté populaire, la citoyenneté qu'il a abandonnée.

La campagne pour l'élection du prochain président de la République française le 24 avril 2022 déchaîne les passions dans une ambiance très confuse. Les tensions sociales ne peuvent plus s'exprimer que par la violence car le vocabulaire politique a perdu son sens. Les mêmes mots sont utilisés par tout le monde avec des sens différents, voire diamétralement opposés. Derrière l'agitation, personne ne semble remarquer que le pays n'est plus une démocratie ni même une république.

France blessée

Comme dans tous les autres pays occidentaux, la classe moyenne se réduit visiblement en France, tandis que les emplois continuent d'être délocalisés vers l'Asie [ 1 ]. Une nouvelle classe sociale d'ouvriers se constitue, à la limite du seuil de pauvreté, chassée des grandes villes et s'enfuit dans les campagnes voisines. C'est elle qui s'est révoltée avec les gilets jaunes en 2018 pour réclamer plus de justice sociale. Dans le même temps, certaines personnes très riches ont bénéficié de