De Lucas Leiroz : Il est chercheur en sciences sociales à l'Université rurale fédérale de Rio de Janeiro. Conseiller géopolitique.

Malgré le dialogue, l'OTAN maintient sa rhétorique agressive contre la Russie et annonce un nouveau conflit armé si les négociations en cours ne parviennent pas à un consensus. Dans une interview, le secrétaire général de l'OTAN a déclaré que l'alliance militaire occidentale serait préparée à une situation de guerre en Europe si la Russie ne coopérait pas à une solution à la question ukrainienne. Plus qu'un avertissement, la position de Stoltenberg semble être un véritable boycott des négociations et compliquer davantage la pacification de l'Europe de l'Est.

Jen Stoltenberg a récemment déclaré dans une interview au Financial Times que son bloc était prêt à un nouveau conflit armé sur le sol européen si les négociations bilatérales échouaient. Les propos de Stoltenberg ont créé un climat de tension et de méfiance à la veille de l'un des événements les plus importants de l'histoire récente entre Moscou et l'OTAN, dont l'objectif est de discuter des conditions d'une solution pacifique à la question ukrainienne.

Voici quelques-unes des paroles du ministre : « Je connais l'histoire de la Russie. La Russie a connu des conflits avec ses voisins pendant des siècles (...) [Mais] la Russie a une alternative : coopérer, travailler avec l'OTAN (...) Il est possible de trouver une voie ensemble, une voie politique pour avancer, et aussi les inquiétudes de la Russie à prendre en compte... Mais il y a toujours un risque de conflit (...) La dissuasion de l'OTAN est crédible et forte... Il faut espérer le meilleur et travailler dur, mais aussi se préparer à la pire. "

Stoltenberg et les analystes pro-occidentaux justifient ce type de discours par les mouvements de troupes que les Russes ont effectués ces derniers mois, notamment dans les régions proches de la frontière avec l'Ukraine. On estime qu'environ 100 000 soldats étaient stationnés aux frontières occidentales, ainsi que des véhicules militaires et d'autres équipements. Depuis des mois, la thèse à Washington est que ces mouvements de troupes indiqueraient un prétendu plan russe d'invasion de l'Ukraine, c'est pourquoi les tensions auraient augmenté en 2021 et qu'un sommet aurait dû être convoqué. Cependant, ce genre de justification semble trompeur et faible.

Tout d'abord, il faut se rappeler qu'à aucun moment le gouvernement russe n'a tenté de déployer des troupes en dehors de ses propres frontières territoriales. Les manœuvres se sont déroulées exclusivement à l'intérieur de la zone souveraine de l'État russe, ce qui ne peut en aucun cas être interprété comme une menace internationale. Chaque État a le droit de répartir ses forces militaires sur son territoire de la manière la plus économique et la plus stratégique possible, et il est parfaitement normal qu'une zone tendue comme la frontière occidentale reçoive une attention particulière de Moscou.

La raison pour laquelle la Russie fait cela est également le comportement passé de l'OTAN dans la région. Les manœuvres occidentales en Ukraine ont constitué une menace réelle pour l'intégrité du territoire russe occidental et pour l'ensemble de l'environnement stratégique de Moscou. Et c'est donc le même processus depuis des années : l'OTAN déploie des troupes à la frontière ouest de la Russie et émet des menaces, auxquelles Moscou a répondu par de simples mouvements de troupes (qui représentent une mesure de sécurité élémentaire) sur le territoire russe lui-même - puis l'Occident les répand. Disons que le gouvernement russe prépare ses troupes à une invasion de l'Ukraine.

Au vu de ces faits, les propos de Stoltenberg ne peuvent être interprétés que dans un sens : la condition d'un accord entre l'OTAN et la Russie sur la question ukrainienne est liée à la restriction des mouvements de troupes russes sur le territoire russe. Moscou doit donner des "signaux clairs" qu'il n'envisage pas d'envahir l'Ukraine - et ces signaux ne peuvent pas être les déclarations répétées du gouvernement russe qu'un tel plan n'existe pas, mais quelque chose de plus : une réelle maîtrise de sa propre puissance militaire . L'OTAN souhaite que la Russie maintienne l'insécurité de sa frontière occidentale afin que la zone de l'Europe de l'Est devienne le théâtre d'une occupation occidentale.

Il ne s'agit que d'une nouvelle tentative de l'OTAN de saper les négociations visant à imposer des conditions abusives à la Russie et à faire avancer unilatéralement ses intérêts en menaçant la guerre. Le problème avec ce discours est que la menace de Stoltenberg sera interprétée comme un bluff. Il est clair pour l'OTAN comme pour la Russie que l'Ukraine n'est pas un scénario si important pour l'Occident qu'il justifierait le déclenchement d'une guerre sur le sol européen avec la confrontation de puissances nucléaires rivales.

Stoltenberg n'a essayé de manière très inconsidérée de faire valoir les intérêts de son bloc que pour intimider la Russie avant et pendant les pourparlers à venir. Même si ses propos ne sont pas du bluff et qu'il défend personnellement l'idée d'une guerre contre la Russie, ses plans seraient contrecarrés par les gouvernements de l'alliance, qui ne verraient jamais l'Ukraine comme une raison suffisante pour une autre guerre en Europe.