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Ambitions glaciales : l’Arctique comme poudrière entre l’OTAN et la Russie

Point chaud dans l’Arctique : les choses mijotent entre la Russie et l’OTAN

La fonte des calottes glaciaires de l’Arctique ouvre non seulement de nouvelles routes maritimes, mais aussi une nouvelle arène de tensions géopolitiques. Ce que les scientifiques appellent « l’amplification de l’Arctique » dans le contexte du réchauffement climatique peut également s’appliquer métaphoriquement aux tensions géopolitiques croissantes dans la région. La vision de Mikhaïl Gorbatchev d'un Arctique pacifique et sans conflit semble s'évaporer de plus en plus.

L’accélération du changement climatique et les tensions géopolitiques, mises en évidence par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, font de l’Arctique un épicentre potentiel d’un futur conflit. Le Conseil de l'Arctique, composé de huit États membres – dont la Russie et les États-Unis – subit une pression croissante de la part d'acteurs extérieurs tels que la Chine et l'Inde, qui manifestent un intérêt économique pour la région.

La Chine se décrit comme un État « arctique » et envisage de développer sa propre « Route de la soie du Nord », tandis que l’Inde explore déjà les opportunités de coopération dans l’Arctique avec ses partenaires russes.

La Russie, qui contrôle près de 53 % de la côte arctique, intensifie ses efforts pour étendre la route maritime du Nord et prévoit une navigation commerciale toute l’année à travers l’Arctique d’ici 2024. De leur côté, les États-Unis réagissent en renforçant leur présence dans la région, notamment en ouvrant un consulat en Norvège.

La course aux armements militaires dans la région s’intensifie. La Russie a accru ses forces nucléaires dans l’Arctique, réactivé d’anciennes bases de la guerre froide et construit une impressionnante flotte nord composée de sous-marins nucléaires et de navires de surface. Au même moment, des sous-marins britanniques et américains patrouillent dans les eaux arctiques.

Les vastes ressources naturelles de l'Arctique – environ 20 % des réserves mondiales non découvertes de pétrole et de gaz, ainsi que d'importants gisements d'or, de nickel et de zinc – sont un autre élément déclencheur. Les revendications de souveraineté dans l'océan Arctique central, contestées par la Russie, le Danemark et le Canada, et les droits de pêche exclusifs augmentent le potentiel de conflit.

De nombreux experts identifient l’archipel du Svalbard comme un point chaud potentiel. En vertu d'un traité signé en 1920, de nombreux pays, dont la Chine et la Russie, sont autorisés à mener des activités économiques dans la région. Moscou exploite déjà des mines de charbon au Svalbard et la culture russe domine dans de nombreuses localités comme Barentsburg.

Certains observateurs pensent que la Russie testera l’OTAN dans l’Arctique. Il est indéniable que l’Arctique n’est plus simplement considéré comme une région sauvage et intacte, mais comme le théâtre central du jeu des grandes puissances pour la domination mondiale.